Meilleures ennemies

Miroir, mon beau miroir,
Tu me contemples
Et te déhanches,
Je te sais penchée aux fontaines,
Je te sens grisée aux orages.
Tu glisses lente et cristalline
Aux joues offertes et désarmées.
O Miroir, féroce insoumise
Impitoyable, sibylline,
Jalouse d’étreindre à sa guise,
J’ai inventé nos ressemblances,
Tissé le fil
De ce langage insoupçonné
Et de nos fusions infidèles.
O mon miroir, ma jumelle,
Mon inconnue si familière,
Que j’aime t’entendre aux fenêtres
Et te porter nue à mon cou.
Mais tes insondables colères
N’épargnent guère
Ni ne pardonnent,
Dans tes fracas, dans tes conquêtes,
Dans tes corps à corps aux falaises.
Tu me terrifies, ô Miroir,
Effrontée sublime et sauvage.
Puis tu souris
Insolemment.
Et je m’incline, consentante,
Face à la mer.

From: 
Amandine Villard




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Last updated April 16, 2015